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La Galerie Dutko a le plaisir de présenter du 22 septembre au 30 octobre 2021 ‘My Perfect Body, 1976-1983’, une exposition d’œuvres sur papier de Monique Frydman. Ce corpus d’œuvres, très différentes de son travail abstrait généralement présenté dans les musées et galeries et qui ont fait sa renommée, seront pour la plupart montrées pour la première fois au public. Il s’agit de la troisième exposition de Monique Frydman à la galerie Dutko.
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Loin des nus féminin idéalisés par le regard masculin, loin de la représentation érotique du corps de la femme peint par des hommes, loin de l’éclatement de l’image féminine au début de l’abstraction, cette série marque une rupture. Ici, le corps féminin s’impose pour ce qu’il est, une affirmation de soi, une libération, sans crainte du regard de l’autre.
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Monique Frydman commence sa carrière artistique au milieu des années 1960. Ses engagements politiques et féministes la poussent à mettre en pause son travail pour se consacrer pleinement au militantisme, jusqu’au milieu des années 1970. La reprise du travail de l’artiste se fait, à partir de 1975, dans l’intimité de son atelier, par des dessins de corps sexués, érotisés souvent difformes alliant un trait puissant et des couleurs vives. C’est alors un travail long et difficile du retour à soi qui s’amorce.
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A cette époque le milieu de l’art en France est masculin, et s’il existe de nombreuses artistes femmes, elles n’ont que très peu de visibilité : « Beaucoup de femmes peintres ont sacrifié leur identité de femme pour rejoindre la communauté de peintres qui est une communauté d’hommes et échapper, en partie, au rejet de la société. Moi, j’ai tout fait pour résister à cette pression » (interview avec Catherine Francblin, cité par Diane Quinby in Création au féminin).
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Monique Frydman est alors soutenue par son entourage féministe et la pensée de Jacques Lacan, dont elle suit les séminaires. « Ils m’ont aidé à me reconquérir moi-même et à me défaire de l’idéologie ambiante et de ses injonctions ». Femme, mère, artiste, peintre, Monique Frydman se réapproprie avec ces dessins transgressifs de corps, son identité de peintre. « Au travers de ce qu’il y a de plus personnel, je retrouve la nécessité d’être peintre et surtout de m’autoriser à l’être ».
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En 1978, le collectif Femmes/Art organise plusieurs expositions dans des ateliers d’artistes femmes. A cette occasion, Monique Frydman dévoile dans son nouvel atelier rue du Faubourg St Antoine la série « Torses », huit œuvres sur papier à la force considérable. La réouverture de ce lieu en mai 1978 donne également lieu à un week-end de conférences en partenariat avec le collectif et soutenu par Philippe Sollers. Le titre « Les femmes ont-elles accès au symbolique ? » est évocateur de la complexité d’être femme et artiste à cette époque. D’ailleurs, on notera, que dans le même contexte, l’affiche réalisée par Monique Frydman pour Histoire d’A - représentant un corps de femme enceinte - avait été interdite et censurée pour « mauvais goût, exhibitionnisme de la maternité, seins agressifs ».
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Les années suivantes, le corps figuré s’estompe, glisse vers l’abstraction où le corps mouvement de l’artiste prendra toute sa force. Mais là encore « ce que je traque à travers toutes ces expériences de peintre c’est le sujet-peintre, c’est moi-même, en ce qui échappe à moi-même ».
Ces œuvres surprennent par leur contemporanéité et par l’actualité des questions qu’elles soulèvent.
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MONIQUE FRYDMAN
Sans titre, 1984Huile sur papier de soie160 x 200 cm / 63 x 78 3/4 in.
Monique Frydman: My Perfect Body
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