Christian Sorg

20 Février - 3 Avril 2021
Vues de l'exposition
Communiqué de presse
Ce sont des surgissements. Des fruits, des fleurs, la traversée d’un souk, un ciel, une huile sur toile d’après Goya, des paysages de pierre ou des cavernes préhistoriques : tout ici apparaît soudainement ; formes et couleurs s’entrecroisent et se multiplient, presque palpables dans leurs arrondis, leurs déliés, parmi des saccades et des soubresauts proches du bond. Si la disparition les borde, on ne peut parler à leur sujet d’abstractions, mais bien de choses vues, et par là-même vécues.
 
Cette sélection de peintures de Christian Sorg s’inscrit sur plus de vingt ans – une mince partie de ce grand livre d’heures qu’est son œuvre. Elle montre combien voir c’est percevoir, même si toute réalisation contient sa défaite, tout émerveillement sa dissolution. Par leurs nuances toujours en mouvement, leurs palpitations où s’exclame la couleur, ces tableaux s’impriment dans notre regard comme des fluidités intranquilles.
 
La solidité des éléments se prononce toutefois dans certaines peintures. D’un coup, la roche frappe de ses apparitions. On la voit, malgré ses remous et ses lignes de fuite, dresser ses paysages. Une architecture s’élève et déploie ses volumes, ses bosses, ses saillies, l’étrange matérialité de ses couleurs. Résistances, droitures – failles : elle surgit à notre image.
 
Il y a du toucher dans ces tumulus, ces sentiers de pierre, ces vagues de roche, venus de France ou d’Espagne. Peut-être apercevra-t-on ici ou là animaux et êtres humains. Certaines de ces grandes peintures sont en effet les narratrices silencieuses des sites rupestres visités par le peintre. Il importe d’entrer dans ces demeures millénaires dont les pentes intérieures entraînent vers les replis de la mémoire. Pour sa part, Christian Sorg s’y est engagé depuis longtemps. Le tableau est-il l’espace d’où il revient ou celui dans lequel il est resté ?
 
Peut-être des toiles comme Arcy, chemin des grottes I et II cherchent-elles à redonner vie à nos origines, par l’usage d’un art tissé à l’existence quotidienne. Quoi de plus poétique lors de notre résidence sur terre que de peindre l’intérieur de son foyer ? De plus émouvant que de transformer en livre la virginité d’une paroi ? De plus vrai que de lier les signes nés de sa main aux accidents de la roche ? Peut-être le peintre nous propose-t-il de trouver refuge dans ces espaces singuliers. 
 
Les œuvres de Christian Sorg offrent la beauté d’un monde sans artifice, d’une atemporalité qui embrasse tout. Elles murmurent que si l’apprentissage des formes et des couleurs est la connaissance première où s’ouvrent nos sens, elle est le souci même de son art. Ces surgissements disent l’ampleur inaliénable du quotidien et l’aventure toujours en chemin de la peinture.
 
Marc Blanchet

 

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