Max Wechsler: Un parcours
À l’origine, une multitude de formes et de figures, animaux fantastiques, images symboliques, emplissent la toile, se déploient et s’agitent dans une matière pétrifiée.
Max Wechsler s’arrête volontairement de peindre pendant quelques années. L’artiste reprend pinceaux et toile mais abandonne définitivement la figuration. Il projette la couleur et la matière, couvre la toile de stries obliques en des gestes lacérateurs, comme une écriture qui se répète inlassablement en allers aigus et sans retour. Sa palette se réduit.
Nouvelle rupture : des papiers de toutes origines, fossilisés par la colle, remplacent la peinture et le pinceau, envahissent l’espace pictural en de grandes compositions où le papier devenu médium unique est froissé, massicoté en une approche tactile de la matière.
Enfin, le processus créatif se concentre sur un seul matériau : l’imprimé. Par réductions ou agrandissements, distorsions jusqu’à l’extrême des caractères typographiques, Max Wechsler transforme toutes sortes d’écrits pour créer un univers où de la lettre, ne reste que la substance du signe. Les lettres qui remontent à la surface au fur et à mesure que l’on s’approche de l’œuvre ne forment pas de mot. Elles sont signe. En s’ouvrant à l’œuvre, il nous revient d’en inventer le sens, explorer le non révélé, approcher l’énigme.
De ce discours ininterrompu surgit la matière.
Matière lisse ou polie, de cuir, de bronze ou de marbre.
Matière que l’artiste parfois se prend à déchirer pour laisser flotter le papier au gré du souffle de l’air comme de grands lambeaux de mémoire.
Les œuvres des dernières années se laissent envahir par une lumière plus affirmée qui nous absorbe, comme une invitation à pénétrer de l’autre côté de la toile vers l’ailleurs du dehors.
Lumière, matière, formes primitives de la vie en résonance aux prémices de son œuvre.
Cet ensemble rétrospectif d’œuvres inédites et pour certaines jamais montrées jusqu’alors retracent le parcours d’un artiste qui n’a jamais cessé de chercher, d’expérimenter encore et toujours dans la lumière de l’atelier de la rue Popincourt où les débris de papiers vivent et virevoltent encore sur le sol.
Max Wechsler disait : « Chaque surface terminée est un tremplin pour ce qui lui succède et cet enchainement est comme une filiation qui se nourrit de ce qui précède ».
L’œuvre entier de Max Wechsler entre en résonance.
Camille Maujean
A PROPOS DE MAX WECHSLER :
Expositions personnelles (sélection) : 2017 Max Wechsler, de la lettre au signe, Abbatiale Saint Férréol d’Essômes-sur-Marne ; 2017 Donation Max Wechsler, musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Paris ; 2013 Max Wechsler, signum, St Matthaus-Kirche, Berlin ; 2013 Max Wechsler, Klang der Spranche, Goethe-Institut, Paris ; 2012 Max Wechsler, Schriftfragmente-im künstlerischen Prozess, KuntsHaus, Potsdam ; 2007 Max Wechsler, Entfaltung der Tiefe, Orangerie, Schloss Charlottenburg, Berlin ; 2006 Max Wechsler, Unter der berfläche, Villa Oppenheim, Berlin ; 2003 Max Wechsler, musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Paris ; 1990 Max Wechsler, Centre d’Arts Plastiques Albert Chanot, Clamart ; 1968 Max Wechsler, peintures, ARC, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris ; 1959 Max Wechsler, peintures, La Librairie St-Germain, Paris.
Expositions collectives (sélection) : 2012 En signe de vie, Thomas Gleb, Georges Jeanclos, Max Wechsler, Musée du Hiéron, Paray-le-Monial ; 2011 La collection contemporaine du mahJ : un parcours, musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Paris ; 2010 Max Wechsler and Herbert Kaufmann, Berlinische Galerie, Berlin ; 2009 Propos d’Europe 8.0 Paris / Berlin, Fondation Hippocrène, Paris ; 1989 Une collection pour la Grande Arche, Arche de La Défense, Paris.
Max Wechsler a aussi été régulièrement exposé à la galerie Guislain-Etats d’Art, à la galerie Jacques Levy, à la Galerie ETC et à la Galerie Dutko.
Ses œuvres sont présentes dans les collections publiques du Fonds National d’Art Contemporain, Paris ; musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Paris ; Musée du Hiéron, Paray-Le-Monial ; Musée National d’Art Moderne, Centre Pompidou, Paris ; Musée des Beaux-Arts de Renne ; Jüdisches Museum Berlin, Berlin . BerlincherGalerry Berlin, Berlin ; KunstMuseum Liechtenstein ; AXA - Caisse des Dépôts et Consignations, une collection pour la Grande Arche de la Défense.
Il réalise ses dernières œuvres en 2019 et meurt à Paris le 12 mai 2020.